J’ai toujours voulu être mère.

« Toi tu as toujours voulu être maman. », ma petite sœur m’a assuré ça en me parlant de son non-désir d’enfant à elle.

 » Ah non, c’est arrivé d’un coup, il y a 5 ans, avant ça j’étais à mille lieux de la maternité! »

J’ai rétorqué ça et j’en étais convaincue. Depuis ça me trotte dans la tête et je réfléchis…

Je repense à la petite fille que j’ai été, je me souviens que les voisins de mes parents ont eu leur second fils quand j’avais dix ans et que j’adorais m’en occuper. J’étais toujours fourrée chez eux, le bébé dans les bras bien calée dans le canapé.

Je me rappelle d’un été dans la famille quand j’avais 15 ans, de ma petite cousine de 4 mois tellement mignonne et de ce que j’avais envie de la croquer.

Je me souviens du sentiment très fort que j’ai ressenti pour ces petits bébés, de ce que j’aimais les cajoler, leur donner leurs biberons, leur faire des tonnes de bisous, les entendre gazouiller et recevoir leurs sourires.

Enfin, je me souviens de cet oubli de pilule quand j’avais 19 ans, du test de grossesse fait dans l’angoisse en compagnie des amies qui attendaient derrière la porte des toilettes, et de cette idée inavouable mais agréable qui m’a traversé l’esprit un court instant, « je pourrais le garder », puis de la petite déception qui a accompagné le soulagement de ne voir qu’une seule barre s’afficher.

Je crois que ma petite sœur avait raison finalement, je veux être mère depuis longtemps. Depuis toujours.

Comment est-ce que j’ai pu ne pas le savoir? Pourquoi est-ce que je n’ai pas voulu le voir?

Est ce que c’est encore un de ces mécanismes de défense que j’ai développé au fil de mes années d’infertilité?

Peut-être qu’admettre que j’ai ça en moi depuis l’enfance me rendrait plus fragile face à l’idée que ça puisse ne jamais m’arriver?

Parce qu’il faudrait vraiment tout repenser, parce que peut être que ce serait moins douloureux, si ça ne se fait pas , de pouvoir juste dire: « oh finalement, je n’en voulais pas tant que ça, c’était une petite lubie de fin de trentaine! Ça passera va, je laisse ma place à ceux qui le veulent vraiment! »